Management Par les Contraintes – Philip Marris
Chapitres / Livre 2 (à paraître) / ERP et APS
ERP, APS et autres outils de "Supply Chain"
Will we ever learn?
Ce qui est consternant avec les outils d'optimisation des flux, c'est que les problèmes demeurent les mêmes depuis plus de 20 ans. Il est vrai qu'on est passé d'une ergonomie quasi inexistante (écran monochrome et sans graphiques, pas de souris, des aides en ligne très limitées) à des produits étonnants de puissance et de convivialité. Mais rien n'a vraiment changé. Les problèmes sont toujours les mêmes :
- Un algorithme prend des décisions à la place du gestionnaire qui est convaincu qu'il peut faire confiance au système parce que sur un exemple avec 3 produits et 4 machines lors de la vente, le produit semblait bien traiter le problème. Quelques mois plus tard, avec une base de données réelle avec des centaines de produits et de ressources, il suppose que la planification proposée est bonne ou en tout cas pas trop mauvaise. Il ne comprend plus vraiment comment les différents leviers de contrôle dont il dispose modifient la logique de prise de décision. Quand il voit une absurdité, il intervient sur l'aberration pour la traiter. Si, comme cela arrive assez souvent la ou les personnes qui ont créé le modèle et les règles de gestion quittent l'entreprise ou passent à d'autres responsabilités, on se retrouve avec une boîte noire sans mode d'emploi. Taiichi Ohno va encore avoir raison, la meilleure solution reviendra à utiliser des bouts de carton (des Kanbans) et reconnaître qu'un sous-optimum est meilleur qu'un cerveau fou.
- La qualité des données demeure un problème omniprésent. Les techniques et approches pour maîtriser cette question ont pourtant été, elles aussi, décrites depuis 20 ans. Pourtant on continue à alimenter des algorithmes qui - même dans le moins bon des cas - sont compétents dans la gestion des flux avec des données fausses. Les planifications proposées sont bien évidemment aberrantes, ce qui incite les exécutants à ne pas respecter les plannings.
- Les ingénieurs s'amusent avec les capacités de modélisation des systèmes (c'était déjà le cas avec les systèmes basiques d'il y a 20 ans). Le modèle devient très complexe, puis trop complexe pour être maîtrisé.
- N'acceptant pas qu'une ressource puisse être un non-goulot, on va la déclarer comme ressource critique et le système va chercher à optimiser son utilisation. Si en réalité elle n'est que chargée à 90%, elle va obéir aux directives des gestionnaires et passer 10% de son temps à faire des choses à peu près inutiles ou du moins prématurées. On s'écarte du juste-à-temps et c'est encore et toujours "la faute à l'ordinateur".
Les outils disponibles pour piloter l'activité d'une usine selon les principes du MPC ou de la TOC se multiplient. A ce jour, on recense deux grandes catégories de solutions : les modules spécifiques des ERP (de SAP, de PeopleSoft, d'Oracle, etc.) et les produits dédiés à ce sujet (et qui sont les descendants historiques du progiciel OPT imaginé dans les années 70). De plus, notons qu'il y a une tendance au rachat par les grands acteurs des ERP des modules spécifiques et indépendants qui sont ensuite (plus ou moins bien) intégrés dans les modules de leur ERP dans son ensemble.
© Management Par les Contraintes | Tous droits réservés | Conception 2exVia avec MasterEdit©